"Viva les 100 jours...!" - Institut Saint-Louis Namur (27/03/2014) // Action symboliquedes rhétos de Saint-Louis

  • il y a 10 ans
NAMUR - Action symboliquedes rhétos de Saint-Louis. Déguisés en bagnards, ils dénonçaient la «confiscation»de leur fête des 100 jours.

Ils ont presque tous joué le jeu: les 200 élèves de rhéto de l’Institut Saint-Louis de Namur sont arrivés hier à l’école déguisés en bagnards. Vêtus de t-shirts blancs rayés de noir, avec le numéro de leur groupe en guise de matricule, ils sont restés alignés dans la cour quelques minutes après la sonnerie marquant le début de la journée. Ils ont ensuite gagné les classes pour suivre les cours.

Une action étonnante et bien organisée qui visait à dénoncer le sort réservé par la direction de l’établissement à la fête des 100 jours, cette journée conviviale qui dans beaucoup d’écoles marque la fin prochaine du cursus d’humanités. Les rhétos de Saint-Louis considèrent qu’elle leur est confisquée, qu’ils sont prisonniers d’un établissement qui les prive injustement d’une activité traditionnelle et appréciée.

Trop de dérives

«Nous avons décidé de postposer la fête des 100 jours au mois de juin, au dernier jour de classe avant le début des examens», explique le directeur de Saint-Louis, Laurent Henquet. La raison est double. Un: ce dernier jour de cours est depuis quelques années le cadre de festivités spontanées qui font double emploi avec les 100 jours. «Les élèves de rhéto arrivent déguisés et si le professeur a terminé la matière et les révisions, ils lui proposent de prendre un verre dans la classe», dit Laurent Henquet. Deux: lors de ces manifestations conviviales, de plus en plus de débordements, liés à une consommation excessive d’alcool, sont constatés. «D’année en année, les dérives se multiplient, tandis que les animations (jeux, foot, spectacle, barbecue) manquent de plus en plus de préparation lors des 100 jours, expose le directeur. On autorise deux ou trois bières par élève, mais certains viennent avec de l’alcool et exagèrent. J’ai dû intervenir plusieurs fois. Je rappelle que ces activités se déroulent sous la responsabilité de l’établissement.»

Les rhétos de cette année payent pour le comportement de leurs prédécesseurs, le directeur le reconnaît. Mais il y va d’une tendance lourde et non de faits ponctuels, une réaction s’imposait donc, dit-il. Laurent Henquet précise que de nombreuses activités extrascolaires continuent d’émailler l’année de rhétorique, dont un voyage, une soirée, un stage en entreprise… «Et cette année, on a autorisé pour la première fois une activité liée à la Saint-Valentin», précise-t-il.

Si certains élèves redoutaient un peu la réaction de la direction, l’action de ce jeudi matin des élèves a été bien accueillie. «C’est une manière humoristique, sensée et mesurée, de manifester sa désapprobation, considère le directeur. Je trouve ça bien.» La décision de postposer la fête des 100 jours n’en reste pas moins définitive.

Le témoignage d’un élève

«Les 100 jours, c’est important car c’est une tradition. Chaque année, nous les attendons avec impatience. C’est un peu comme les baptêmes à l’université mais ici, c’est pour célébrer la fin de nos Humanités.

Pour nous organiser, les délégués se sont rassemblés plusieurs fois pour discuter. La difficulté, c’était de mettre quelque chose en place dans les règles de l’école. Notre but était de faire passer un message au directeur pour les années suivantes, et pas qu’ils soient encore plus sanctionnés que nous. Nous avons organisé tout cela via Facebook.

Nous avons choisi un déguisement de prisonnier parce que cela évoque la discipline. Nous avions aussi pensé à nous habiller en uniforme, mais c’était trop compliqué pour être tous les mêmes.

Il est possible qu’il y ait eu des abus les autres années, mais nous ne savons pas trop comment ça s’est passé, étant donné que les 100 jours avaient lieu à Saint Fiacre et non à l’école.

On a vraiment l’impression de payer pour des fautes qu’on n’a pas commises car chaque année est différente. Ici, on aurait pu fixer plus de règles et nous aurions été capables de les respecter.

On n’a pas peur de représailles de la part de notre directeur car nous étions aux cours à l’heure. Et il n’y a pas eu de débordement; nous sommes restés silencieux. Et de toute façon, ce n’était pas pour déranger mais pour faire passer un message! »

Source:
EdA - Florent Marot, "Les rhétos « prisonniers » de Saint-Louis", http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=dmf20140327_00454495, vendredi 28 mars 2014

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