Léo Ferré/Verlaine-Je vous vois encore (version "maudit soient-ils")

  • il y a 8 ans
En 2004 les éditions « la mémoire et la mère » créées par Mathieu Ferré après la disparition de son père sortent « Maudit soit-ils », un double album consacré à Verlaine et Rimbaud et qui comprend des maquettes de mises en musique par Ferré de poèmes, certaines inédites, d’autres non, à capella ou enregistrées en s’accompagnant à son piano et qui s’échelonnent entre 1959 et les années 80.
Parmi celles-ci, des pépites qu’il avoir la patience d’écouter malgré forcément les qualités d’enregistrement moyennes : c’est le cas d’une version inédite piano-voix (on l’entendait déjà dans l’album de 64 consacré aux deux poètes mais avec un orchestre en plus du piano) de « je vous vois encore », version que j’ai eu l’occasion de découvrir grâce à Pascal Mancarelli dont je suis les vidéos depuis bien longtemps avec beaucoup d'intérêt sur son excellente chaine https://www.youtube.com/user/andante5133 et que je remercie encore au passage !

Ici Ferré a puisé dans les « romances sans paroles » éditées en 1874 et a plus précisément puisé quelques vers dans « Birds in the night » Le plus long poème du recueil qui fait référence à la rupture douloureuse de Verlaine avec Mathilde Mauté à la suite de malentendus qui l’ont poussé à cette fameuse fuite avec Rimbaud à Bruxelles qui se terminera mal comme on le sait. Des dernières retrouvailles avec Mathilde se feront dans cette ville avant qu’elle ne demande le divorce (voyant qu’elle n’arrive pas à ramener le poète à la raison) et il y fait référence ici. (la robe printanière qui rappelle une image de jeunesse)
Dans un premier temps, Verlaine exprime ses rancoeurs, ses griefs vis-à-vis de Mathilde qui n’a pas su pense t-il l’aimer comme il le souhaitait Mais dans les vers choisis par Ferré et qui suivent, on a au contraire une sorte de résignation me semble t-il et de douce nostalgie.
Nostalgie qu’exprime très bien (davantage encore je trouve que la version de 64) la musique de Léo Ferré très intimiste avec un sublime accompagnement de piano que j’avais à cœur de relever et dont je vous livre ici une transcription perso !

Je vous vois encore ! En robe d'été
Blanche et jaune avec des fleurs de rideaux.
Mais vous n'aviez plus l'humide gaîté
Du plus délirant de tous nos tantôts.

La petite épouse et la fille ainée
Était reparue avec la toilette
Et c'était déjà notre destinée
Qui me regardait sous votre voilette.

Soyez pardonnée ! Et c'est pour cela
Que je garde, hélas ! avec quelque orgueil,
En mon souvenir; qui vous cajola,
L'éclair de côté que coulait votre oeil.

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