Louis Magnin, prêtre du Prado, formateur et prêtre ouvrier

  • il y a 7 ans
Louis Magnin est né à Lyon, près de la place des Terreaux. Dès l’enfance, il entend parler avec mépris et hostilité du quartier de la place du Pont où il y avait une forte concentration d’Algériens. En 1951, devenu prêtre, il est envoyé pour sa première mission dans le quartier de la Guillotière et porte un regard de bienveillance et d’empathie sur les populations étrangères, à l’encontre de ce qui lui a été inculqué dans son enfance. Il développe des liens d’amitié forts avec Albert Carteron et Henri Le Masne qui lui font découvrir les conditions de vie misérables des Algériens. Contrairement à Carteron qui était le lien entre l’Eglise et la communauté algérienne, Louis Magnin ne s’occupait pas directement des Algériens mais il avait à cœur de faire connaître leurs conditions de vie, notamment dans la communauté chrétienne dont il avait la charge.
En 1955, Il est nommé à Saint-Fons comme formateur des prêtres du Noviciat du Prado. Il continue à sensibiliser son entourage à la cause algérienne en y faisant venir Albert Carteron. En 1958, à la demande de ce dernier, il prête un local à des membres du FLN qui créent un service social destiné à secourir les familles des détenus (600 à Saint-Paul). Ce local à l’extérieur de Lyon devait permettre d’échapper aux nombreux contrôles de police. Mais le 17 octobre 1958, en prévision de la visite du Général De Gaulle, de nombreuses rafles sont effectuées et de nombreux Algériens arrêtés dont les responsables du service social. Après un long interrogatoire, ils mènent les policiers au local mais Louis Magnin et le père Chaize, prévenus par Carteron, ont eu le temps de cacher l’argent et les dossiers. Ils sont convoqués le lendemain au siège de la police judiciaire et subissent un interrogatoire de 5 heures avant d’être confrontés aux douze Algériens arrêtés sur lesquels ils voient les violences physiques des interrogatoires.
Louis Magnin et le Père Chaize, sont libérés une première fois suite à un appel téléphonique du préfet Massenet. De nouveau arrêté le lendemain malgré l’intervention de l’évêché, Louis Magnin doit signer des déclarations dans le bureau du commissaire de la brigade anti-terroriste. Emmené au palais de Justice avec les Algériens, inculpé pour « atteinte à l’intégrité du territoire national », il est libéré provisoirement tandis que ses compagnons algériens restent emprisonnés durant 9 mois. Par la suite, les Algériens arrêtés portent plainte pour les brutalités subies.
Pour Louis Magnin, cette « affaire du Prado » a contribué aux débats de l’époque sur la question algérienne et sur le positionnement de chacun, au sein de l’Eglise, et plus largement dans la société et parmi les institutions françaises. Elle a entre autres opposé le cardinal Gerlier, qui a soutenu les prêtres, au ministre de l’Intérieur Pelletier à propos de la torture...