Guillaume Tabard (éditorialiste): «A l’arrivée, Macron reste un homme seul»

  • il y a 3 ans
Guillaume Tabard, éditorialiste, publie Macron, la révolution inachevée, sélection de ses chroniques publiées dans Le Figaro. Et cette révolution, c’est Emmanuel Macron lui-même qui l’a fait miroiter : c’était le titre de son propre livre publié à l’occasion de sa candidature à la présidence de la République. Mais a-t-il vraiment promis plus que d’autres dans sa course à l’Elysée ? « Oui, juge le journaliste, ne serait-ce que par le choix de ce mot, ‘révolution’. Les mots ont un sens. Parler de révolution, ce n’est pas seulement dire que des réformes vont être faites, c’est dire je vais faire toutes choses nouvelles. »

Il ajoute: «Emmanuel Macron avait fait le pari qu’en changeant la structure même de la vie politique, on pourrait réussir à opérer les transformations qu’on n’arrivait pas à faire car, à ses yeux, ces blocages étaient uniquement le fruit d’un vieux schéma politique ancien, la droite contre la gauche, qui empêchait la réalité de se faire. Or, il a réussi à casser ce duopole, mais est-ce que cela a suffit à réaliser des réformes ? Oui, il a un bilan, mais que ce soit en économie ou autre, le pays n’est pas radicalement différent de ce qu’il était il y a cinq ans. »

Parmi les réformes qui n’ont pas été faites, Guillaume Tabard relève les retraites, l’école, l’Etat, les finances publiques, soit plutôt des sujets économiques et sociaux. Le journaliste se montre toutefois plus indulgent sur le côté régalien, l’immigration et la sécurité. Des thèmes qui constituent pourtant l’angle d’attaque privilégié par les adversaires du président de la République pour 2022. « Dans sa campagne, il avait moins mis en avant ces questions, analyse l’éditorialiste. Ce qui est intéressant, c’est qu’Emmanuel Macron a vécu une évolution personnelle sur ces sujets. Lorsqu’il débutait en politique, il avait une vision du régalien qui découlait de sa lecture économique. En gros, il disait que pour lutter contre le communautarisme dans les banlieues, il fallait donner du travail aux gens (…) A l’épreuve des faits, il s’est rendu compte qu’il existait un vrai problème identitaire, il a été rattrapé par l’actualité, à commencer par le terrorisme. Son fameux discours sur le séparatisme marque cette prise de conscience. »

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