08. Troisième table ronde- 1ere partie
  • il y a 2 ans
"La nécessité d’un mémorial des victimes de l’esclavage"

Grâce au travail considérable de recherche en archives et de documentation réalisé par les acteurs de la mémoire et les chercheurs, les noms et prénoms des nouveaux libres sont destinés à être inscrits de manière permanente dans l’espace public, sous une forme et selon des modalités à concevoir par l’artiste qui sera retenu.
Ces noms, différents de ceux des maîtres, attribués par des officiers d’état civil, constituent un symbole fort de leur entrée dans la citoyenneté. La mise en valeur de ces noms, aujourd’hui portés par des millions de Français, facilitera l’affiliation de ces derniers à leurs aïeux. Ces noms exposés permettront à tous de se souvenir et de rendre hommage à ces hommes et à ces femmes qui ont souffert de l’esclavage.
Le projet de Mémorial est le résultat d’un travail de mémoire développé depuis la marche du 23 mai 1998.
Celui-ci a comme objectif d’inverser la valence du stigmate de l’esclave pour combattre une mémoire triste de l’esclavage,une mémoire pleine de ressentiment. Un de ces axes forts est la construction de monuments portant les noms des esclaves exhumés des archives après un travail de plus de 20 ans réalisé par quelques associations mémorielles. De tels monuments de ce type ont éclos depuis 2013 en région parisienne, en Guadeloupe, en Guyane et en Martinique. La profonde émotion qui accompagne les cérémonies d’hommage aux esclaves autour de ces monuments, les longues files des descendants qui « viennent retrouver le nom de leurs aïeux » lors de ces cérémonies, démontre à quel point ceux-ci servent le traitement de la honte de l’origine servile et de la désaffiliation des descendants à leurs aïeux. L’édification du mémorial national des victimes de l’esclavage dans les jardins des Tuileries devrait permettre d’amplifier ce travail mémoriel. Il devra être un outil de dialogue avec
d’autres lieux de mémoire comme les vestiges des plantations, les ports négriers ou les sites de la route des abolitions.

Intervenants :
Sonia ChaneKune, essayiste, membre du comité d’orientation du Mémorial, Réunion
Emmanuel Gordien, président du CM98
Marie-José Alie Monthieux, artiste et écrivaine,membre du comité d’orientation du Mémorial, Martinique
Modérateur : Frédéric Régent, conseiller scientifique du projet du Mémorial des Tuileries
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