Après le suicide de son petit frère, le combat de Steffy Alexandrian contre l'inceste
  • il y a 3 mois
À 26 ans, Steffy Alexandrian a déjà vécu l’horreur. Victime d’inceste par son père, elle s’est battue pour protéger son petit frère Carl, qui a fini par se suicider il y a deux ans et demi. Cette Aixoise a fait de ces épreuves une force et mène aujourd’hui un combat acharné pour les droits des enfants.
Le tableau de famille semblait parfait. Un papa bien sous tous rapports, une maman aimante, quatre beaux enfants et une maison de 400 m² avec piscine intérieure à La Ciotat. À première vue, Steffy Alexandrian a grandi au paradis, avec des espoirs et des rêves en désordre pleins la tête. Mais l'enfer est pavé de fausses belles images sur papier glacé. Derrière la belle photo de magazine, se cache l'ombre terrible d'un père incestueux.

Malgré l'horreur vécue face à ce spectre immonde, alors qu'elle n'était qu'une enfant, la jeune femme a gardé de la lumière au fond de son regard noir intense. Derrière ses sourcils étirés qui habillent un physique de poupée se cachent une force, une volonté et une résilience incommensurables. Revenue des abîmes d'une jeunesse brisée par une histoire familiale inaudible, Steffy Alexandrian est incassable. Aussi loin que remontent ses souvenirs, elle se souvient des abus indicibles commis par son père jusqu'à ses 13 ans.

C'est après cette agression de trop que l'aînée de la fratrie se confie sur ce qu'elle endure. "À l'âge de 11 ans, j'ai trouvé la force de parler à ma maman. J'ai espéré qu'elle me vienne en aide quand mon père a quitté ma chambre, après avoir remonté ma culotte et m'avoir dit : 'Je suis désolé ma chérie, je t'aime'." Mais sa parole d'enfant ne trouve pas d'écho. "Ma mère m'a crue mais m'a demandé de me taire en me disant que mon frère Tim, polyhandicapé, était trop fragile psychologiquement. Ce jour-là elle m'a annoncé qu'elle était enceinte de mon petit frère Carl. Son histoire tragique commence intra-utérin..."

Tentative de suicide à 14 ans
Deux ans plus tard, après les menaces de Steffy, son bourreau se dénonce en minimisant largement les faits. Une instruction criminelle est ouverte à l'encontre de son père, placé en détention provisoire. L'adolescente est elle aussi placée, en foyer. Elle raconte y avoir subi des violences physiques et psychologiques.

Un an plus tard, son père est condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis. Il est libéré le soir de l'audience. "J'ai difficilement supporté le fait que mon père sorte et que moi je retourne dans le foyer, enfermée derrière les barreaux des fenêtres." Sa mère, condamnée a un mois de prison avec sursis, finit par demander le divorce.

Steffy, très proche de ses trois petits frères, demande à vivre à nouveau avec eux et sa mère. Mais les démarches administratives traînent... "J'ai fait une tentative de suicide à 14 ans. Je suis restée une semaine dans le coma et le médecin qui m'a réanimée m'a dit que j'avais été à deux doigts d'y passer."
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